L'histoire a dressé des frontières entre la tête et la main, la pratique et la théorie, l'artisan et l'artiste, le fabricant et l'utilisateur. La société contemporaine souffre de cet héritage. R. Sennett oppose les valeurs de l'artisanat à la dégradation des formes de travail : l'artisan est ainsi le coeur, la source, le moteur d'une société où priment l'intérêt général et la coopération.
Le constat de l'auteur, romancier et sociologue, est simple : l'homo faber forgé par les entreprises industrielles d'autrefois est aujourd'hui destructuré par les effets pervers du nouveau capitalisme (mondialisation et flexibilité) : l'atomisation du marché du travail, le broyage généralisé des laissés-pour-compte, une nouvelle logique de l'exclusion.