C'est moi qui souligne
Les amateurs de sensations fortes seront ici comblés s’ils ont assez de finesse pour goûter celles de l’esprit. Car Nina Berberova, qui défend avec une farouche discrétion les actes intimes de sa vie, est en revanche capable des excursions les plus hardies dès lors qu’il s’agit des œuvres et des idées, en cela guidée par une nécessité sur laquelle on est fixé dès la préface de son livre. Mais elle s’affirme tout de même l’incomparable témoin des grandes convulsions de notre temps, et la description de la Russie en proie aux premiers assauts de la révolution, les affres de l’immigration, l’état de la France quand elle y vient et quand la guerre s’y installe, de même que le spectacle que lui offrent les États-Unis à son arrivée, véritables morceaux d’anthologie, laissent dans l’esprit du lecteur des empreintes profondes.
Extrait sonore