Le flou dans la bergerie : essai sur la lucidité et l'incertitude
Partout où notre regard se tourne, il y a du flou, du fuyant, du non-assuré. On le sait, nos sens nous trompent, nos sentiments nous aveuglent, nos théories sont des constructions de langage dont la validité est limitée et provisoire, nos concepts morcellent la réalité sans arriver à la saisir telle qu'en elle-même. Ce que nous considérons comme des connaissances sont le plus souvent, pour chacun de nous, des croyances. Devant cet état de choses, on peut se désoler et se prendre à regretter les temps où la religion révélait le sens de la vie, qui en semble soudain privée. Nous voudrions encore des certitudes absolues, des vérités définitives. «On pense ne pas pouvoir supporter l'existence si on ne s'en fait pas une représentation dorée. On croit ne pas pouvoir supporter la vie si l'aléatoire, l'incertain, le relatif, l'approximatif en constituent les composantes.» Telle n'est pas la conclusion qu'en tire ici l'auteur. Amplement émaillée d'exemples éloquents et non dépourvus d'humour, sa réflexion sur les limites de notre savoir, de notre langage et de nos sens, montre au contraire que la lucidité sur notre condition permet d'aimer la vie pour ce qu'elle est, insaisissable, imprévisible, irréductible. «Après tout, c'est ainsi qu'elle est promesse de régénération ininterrompue.»
Extrait sonore